Le jeu du Tao est longtemps resté dans ma bibliothèque. Je l'avais choisi au début des années 2000, et il m'intriguait. Je sentais bien que j'en ferais quelque chose, mais quoi ? C'est avec mes amis Colibris, dans un cercle de confiance, que je l'ai étrenné. En y jouant, j'y ai vite questionné "ma place dans le monde" ou comment m'approcher au plus près de qui je suis. Grâce à ce jeu, j'ai pu découvrir quelques unes de mes ressources, mes "talents", mais aussi mes croyances, mes freins et mes limites. Une de ces limites est que "je ne suis pas à la hauteur."
Ainsi, en animant les groupes Colibris, des émissions de radio, des groupes d'initiation à la Communication NonViolente, des parties de jeux du Tao, je suis guidée par l'en-vie d'insuffler, à ma mesure, une relation meilleure avec nous-même, mais aussi entre les êtres humains et l' environnement. Dans le même temps, en apportant ma contribution, je questionne sans cesse ma valeur et la place que j'occupe. Des pensées remettent en cause ma couleur originale dans l'ensemble du tableau : "Que puis-je apporter à l'édifice alors que d'autres savent mieux que moi ?" Question de légitimité. Il y a en effet un tas de personnes qui, par leur expérience, ont plus d'autorité dans la matière.
Or, si je rentre dans le jeu de la comparaison, je peux sans cesse repousser le moment où je vais jouer d'un instrument de musique parce que je ne serai jamais Mozart ! D'ailleurs, j'ai renoncé bien des fois à me remettre au piano, découragée d'avance de ne jouer "que" quelques accords pour accompagner les mêmes chansons.
En réalité, cette attitude négative plombe mes élans de vie, ces ailes de coeur qui m'apportent de la joie et de la Créativité. Ils créent de la dévalorisation, nuisent à l'estime de soi, et me maintiennent "petite". Si je reste en accord avec ce qui me fait vibrer, je peux balayer la comparaison et la négativité. Je fais avec ce qui est présent et léger. L'humilité que j'aspire à vivre - malgré mes incartades dans des prétentions bien humaines - serait sans doute d'accepter qui je suis, sans chercher à ressembler à quiconque et sans prétendre faire mieux ou moins bien.
Alors que je parlais de ma peur de ne pas "être à la hauteur" à un ami sur le chemin, il m'a offert ces quelques mots :
« Notre peur la plus profonde n'est pas que nous ne sommes pas à la hauteur.
Notre peur fondamentale est que nous sommes puissants au delà de toute limite.
C'est notre propre lumière et non pas notre obscurité qui nous effraie le plus.

Nous nous posons la question : "Qui suis-je moi, pour être brillant, radieux, talentueux et merveilleux? » En fait qui êtes-vous pour ne pas l'être? Vous restreindre, vivre petit, ne rend pas service au monde. L'illumination n'est pas de vous rétrécir pour vous éviter d'insécuriser les autres. Elle ne se trouve pas non plus chez quelques élus. Elle est en chacun de nous. Et au fur et à mesure que nous laissons brûler notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même.
Si nous nous libérons de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres."
Marianne Williamson (Extrait du discours d'investiture de Nelson Mandela à la présidence de l'Afrique du Sud en 1994)
Ces mots m'ont un peu bousculée au départ "Qui suis-je pour être une lumière ?". Peu à peu, j'ai compris qu'il ne s'agissait pas de vouloir devenir une lumière : nous sommes déjà Lumière et aspirons à rayonner de notre éclat particulier. La lumière n'est pas à comprendre comme l'expression de mon ego, de mon orgueil, de ma vanité. Intrinsèquement, chacun est une lumière pour le monde. Elle a juste besoin de se révéler. Chacun, dans le monde, peut apporter sa contribution, sa couleur, sa note. Et chaque note est unique et a sa place, dans l'ensemble de la Symphonie.
Quand je retrouve le jeu du Tao, je savoure ce moment particulier où chacun révèle sa quête. C'est comme se mettre en route vers quelque chose qui fait grandir, évoluer, qui nous sort de nos ornières. Nous explorons, pour démarrer, le "monde de la Terre", qui questionne notre intention, affine et donne du sens à la quête initiale. Au fond, derrière chaque désir, je découvre un élan de vie plus vaste, plus généreux, au service de quelque chose de plus grand. Les quêtes personnelles ne sont que des prétextes pour s'approcher de qui nous sommes et expriment sous une forme particulière notre éclat intérieur.
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